Depuis plusieurs semaines, Nicolas Dufourcq, Directeur général de Bpifrance et membre du Comex de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), multiplie les interventions médiatiques. Loin de se limiter à son rôle de dirigeant d’une Banque publique, il s’érige en commentateur politique et économique, allant jusqu’à s’opposer frontalement à certaines propositions fiscales, comme la taxe Zucman.

Or, rappelons-le : Bpifrance comme la CDC sont des établissements publics, placés sous la tutelle de l’État. Leur Direction n’a pas vocation à entrer dans le débat partisan, encore moins à contester publiquement des orientations fiscales discutées au Parlement. Le devoir de réserve n’est pas une option, c’est une obligation pour celles et ceux qui occupent ces fonctions.

Une dérive préoccupante

En se présentant comme une sorte de « vigie » économique nationale, Nicolas Dufourcq franchit une ligne rouge. Son rôle n’est pas d’orienter le débat public selon ses convictions personnelles, mais de garantir que les moyens financiers de l’État servent efficacement les entreprises, l’investissement et l’intérêt général.

Ses déclarations sur « la dette sociale » comme cause des difficultés du pays relèvent d’une interprétation idéologique, et non d’un constat neutre. Cette posture interroge : parle-t-il en son nom propre ou au nom de Bpifrance ? Confond-il mission publique et tribune personnelle ?

Le silence assourdissant de la tutelle

Plus inquiétant encore, le ministre de tutelle, Éric Lombard, reste d’un silence total. Cette inertie fragilise la crédibilité de la CDC et alimente le soupçon d’une connivence tacite.

Une exigence de clarté et de responsabilité

À l’heure où les citoyennes et citoyens subissent de plein fouet les effets de la crise économique et sociale, il est inacceptable qu’un haut dirigeant rémunéré par l’argent public choisisse d’occuper l’espace médiatique pour imposer ses vues. Ce mélange des genres brouille les repères démocratiques et mine la confiance envers les institutions publiques.

L’UNSA Groupe CDC demande solennellement à Olivier Sichel, Directeur général de la Caisse des Dépôts et Jean-René Cazeneuve, Président de la Commission de surveillance que :

  • Nicolas Dufourcq soit rappelé à son devoir de réserve et recentré sur ses missions.
  • la neutralité des établissements publics soit garantie dans le débat politique.

Car une banque publique n’a pas vocation à être la caisse de résonance d’opinions personnelles, fussent-elles exprimées par son directeur.