Depuis des années, la CDC recourt à l’emploi précaire par le recrutement de contractuels de droit public. Si leur embauche est facile, s’en séparer l’est encore plus : il suffit de ne pas les renouveler à l’issue de leurs contrats.
Quelle aubaine pour un employeur peu enclin à créer de l’emploi pérenne. Mais il faut le comprendre ce pauvre employeur : s’il recrute un fonctionnaire par concours, il doit le garder à vie, alors qu’un CDP, ma foi, on peut en user à sa guise, politique RH du Kleenex, l’agent jetable, c’est quand même bien pratique.
Pas très encombrants, ces agents maintenus dans un état de stress permanent entre l’inquiétude et l’espoir quant à leur avenir. Ils n’expriment aucun mécontentement, craignent de faire grève ou de participer à des mouvements sociaux et hésitent à s’adresser aux organisations syndicales. Là encore, quelle aubaine !
Depuis longtemps maltraités, à attendre jusqu’au dernier moment une éventuelle prolongation – l’anecdote du contrat signé rue de Lille sur une selle de scooter le jour du terme d’un contrat en dit long – ils sont aujourd’hui les victimes d’une politique RH créatrice de précarité.
Depuis des années, l’UNSA dénonce sans relâche ces errements et ces pratiques. Nous avons même obtenu une embellie par la création d’un cadre de gestion des CDP, un dispositif exemplaire prévoyant des garanties de rémunération et des facilités de pérennisation. Belle avancée !
Mais les temps changent et les Directeurs des Ressources Humaines aussi. L’an dernier, incapable de compter ses agents, la DRH génère un dépassement des postes budgétaires qu’elle décide de corriger à la hussarde : on coupe tout ce qui dépasse, on se sépare des CDP en place, y compris des CDP longs présents parfois depuis plusieurs années, y compris les agents méritants, investis, formés au point d’être eux-mêmes référents ou formateurs.

Peu importe l’humain, on tranche dans le vif ; une urgence aussi subite qu’injustifiée provoque une casse dont manifestement la DRH et le DG n’ont pas encore mesuré toutes les conséquences. Pas seulement les conséquences humaines et sociales pour les collègues renvoyés à France Travail, mais aussi pour les collectifs auxquels ils étaient parfaitement intégrés. La perte de confiance est énorme, le tiers de confiance l’a perdue en interne.
Cette politique n’est pas une politique RH, c’est de la gestion comptable, de la gestion de stock, froide et implacable.
Cette année, ce ne sont plus les sureffectifs qui justifient à nouveau de maltraiter des collègues. Non, cette fois, c’est la nature de leur contrat de travail. Leur seule faute ? Ne pas être fonctionnaires. Car la révélation RH de 2025 est que la proportion de fonctionnaires dans les effectifs de l’EP n’est plus suffisante. Et encore une fois, le problème doit être réglé sans délai, toujours de manière aussi impérieuse. La solution éminemment technocratique est absolument dépourvue d’affect : on dégage les CDP pour embaucher des fonctionnaires par voie de détachement.
Belote, rebelote et dix de der, peu importe les femmes et les hommes derrière ces contrats, peu importe que leurs hiérarchies souhaitent les conserver, peu importe que leurs EOP soient exemplaires.
L’UNSA demande qu’on nous explique cette urgence pour des corrections qui pourraient se faire sur plusieurs années.

L’UNSA s’insurge contre l’absence d’empathie que laisse transparaître la Directrice des Ressources Humaines, abandonnant à ses propres équipes la tâche ingrate de gérer les individus.
L’UNSA s’interroge sur des pérennisations de ci de là à l’Établissement Public qui n’obéissent pas aux mêmes règles que l’on nous sert pour la DPS.
L’UNSA regrette que tous les directeurs et directrices métiers ne mettent pas tous ou toutes la même énergie et la même conviction à défendre non pas leurs effectifs budgétaires, mais bien les femmes et les hommes qui font tourner leurs directions.
Il est temps de redorer le H de la Direction des Ressources Humaines ou alors de la rebaptiser en Direction Comptable des Effectifs.
Il est temps de mettre sur la place publique ces pratiques honteuses : l’investisseur de long terme n’investit pas sur ses propres agents. Car que croyez-vous qu’il adviendra demain ?

Le recrutement de fonctionnaires par voie de détachement est facile, rapide et n’engage pas sur la durée. Ça ne vous rappelle rien ? Ceux qui prendront ainsi des postes aujourd’hui occupés par des CDP hériteront également de leur précarité, quand la CDC les renouvellera une année, puis une autre, sans s’engager sur des intégrations à terme.
CDC, créatrice de précarité.