La Caisse des Dépôts a publié cette année, pour la première fois, un rapport CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive)*, en application de la directive européenne entrée en vigueur en 2024. Ce nouveau cadre impose aux grandes entreprises de rendre compte, selon les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards)**, de leurs actions en matière Environnementale, Sociale et de Gouvernance (ESG).

Le Groupe CDC a présenté ce rapport en juillet dernier aux organisations syndicales de l’Etablissement public et début septembre aux organisations syndicales du Groupe CDC.

Retrouvez ci-dessous l’avis de l’UNSA sur ce premier rapport.

Points positifs

L’UNSA salue la qualité formelle du rapport : il couvre l’ensemble des thématiques ESG, est conforme aux normes ESRSet met en cohérence les objectifs stratégiques de la CDC avec la transformation écologique, la souveraineté économique et la cohésion sociale. Les résultats atteints sur plusieurs cibles (financements verts, rénovation de logements sociaux, énergies renouvelables, bornes de recharge, part d’énergies renouvelables consommées) témoignent d’engagements concrets et mesurables. Nous notons également positivement l’intégration de critères ESG dans la rémunération variable des dirigeants, même si leur poids demeure encore limité.

Points à améliorer

Cependant, plusieurs limites importantes demeurent :

  • Une gouvernance trop descendante : les critères ESG reposent exclusivement sur du déclaratif, sans contrôle indépendant, et les cibles sont fixées unilatéralement par la Direction. Le volet social est construit uniquement par la DRH, sans concertation avec les organisations syndicales.
  • Des objectifs biaisés et peu ambitieux : prenons l’exemple du handicap. L’objectif de 80 % est en réalité porté par La Poste, qui représente à elle seule 80 % des effectifs du Groupe depuis la vente de Transdev, ce qui fausse la mesure et interroge le manque d’ambition pour les autres entités (ex. BPIfrance). De plus, nous rappelons que la loi oblige toute entreprise d’au moins 20 salariés à employer des salariés en situation de handicap dans une proportion de 6 % de son effectif total, dite obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH). Se fixer comme seul objectif de respecter une loi datant de 1987 peut questionner l’ambition réelle du Groupe sur l’inclusion en son sein.
  • Des indicateurs incomplets ou trompeurs : plusieurs cibles sont absentes (mobilités, économie circulaire, adaptation climatique, qualité de vie au travail), ce qui empêche d’évaluer réellement les progrès.
  • Des inégalités persistantes :
    • La parité reste inachevée : si le Comex de l’Etablissement public est majoritairement féminin, la proportion de femmes cadres de direction plafonne à 41 % contre 62 % dans l’ensemble de l’effectif.
    • L’index égalité professionnelle stagne à 92/100, avec un score de 37/40 sur l’égalité salariale, mais aucun moyen concret n’est précisé pour atteindre l’objectif de 95/100 ni pour mettre en œuvre la directive européenne sur la transparence des rémunérations.

Conclusion

Ce premier rapport CSRD 2024, riche en données, illustre les efforts déjà réalisés par la CDC, mais aussi les faiblesses structurelles qui doivent être corrigées : transparence, ambition des cibles, égalité professionnelle, concertation sociale.

L’UNSA considère que la CDC est un acteur incontournable de la finance durable mais regrette qu’elle ne s’affirme pas davantage comme un leader sur ces enjeux, ce qui pourrait à terme nuire à son attractivité, notamment auprès des jeunes générations.

Nous demandons que les représentants du personnel soient pleinement associés à la préparation du prochain rapport 2025, notamment l’élaboration des cibles.

*CSRD, kesako ?

La CSRD vise à encadrer le reporting extra-financier au niveau européen, c’est-à-dire la manière dont les entreprises rapportent leur prise en compte des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance.

**Quelle est la différence entre la CSRD et l’ESRS ?

Bien que la CSRD et l’ESRS soient interconnectées, elles remplissent des fonctions distinctes. La CSRD définit le cadre juridique et les obligations en matière de rapports, tandis que l’ESRS fournit la feuille de route pour la mise en conformité.